The Conrad's Twin ♥

« Hanna ?», je regardais la personne qui m’interpellait mais je ne la connaissais pas. « Moi ?» « Mais oui toi, t’es con ou quoi ? Dépêche on va se faire prendre !» On aurait dit une réplique de Lindsay. J’avançai tout doucement, ne sachant pas ce qu’il m’attendait. Je suivis cette personne, un black métro-sexuel, pour ne pas dire gay. Ça me fit sourire, il était tout maniéré. « Mais bouge toi, tu vois pas qu’ils vont nous rattraper ?! » Je restais perplexe « mais de quoi tu parles ? » « T’es complètement à la ramasse ma pauvre, tu provoques une bagarre et après tu ne t’en souviens pas..drôle de manière de me laisser dans la merde, bon bouge ton cul, je les entends ». Quoi ? provoquer une bagarre ? C’est plutôt le genre à Sophie ça pas le mien. « T’es sur que c’est moi, enfin j’suis Hanna pas Sophie, tu te trompes peut-être de personne. » « Oui, toi, Hanna Elly Conrad, et arrête avec cette Sophie, elle n’existe pas ! » «Mais si, c’est ma sœur jumelle… » « Tu deviens shizo, tes troubles bipolaires reviennent ma pauvre, bon c’est pas la question accélère si tu veux pas te faire casser la gueule par les amazones ! » Amazones ? merde je suis tombée ou ? Je le suivais car on avait l’air de bien se connaitre. Et en même temps je repensais à ce qu’il m’avait dit, Sophie n’existait pas…mais dans quel monde suis-je ? Un monde sans elle, n’est pas un monde ou je peux vivre… « Conduis, je m’occupe d’elle… » Je m’installais au volant, et démarrait en trompe. Là, il sortit pleins d’arme, et il les rechargeait, comme si on était en guerre. « Mais qu’est tu fais ? c’est juste une bagarre, j’veux pas être complice de ça » « écoute, conduis, je m’occupe d’elles. » Je l’écoutais, bizarrement j’avais une confiance aveugle en lui, alors que je ne le connaissais pas..Les amazones arrivèrent, mi-femme, mi girafe. Je les regardais en souriant. J’étais dans un monde complètement fou. Quand je regardais de plus près la voiture que je conduisais, je voyais qu’à la place des roues, il y avait des guépards qui courraient, autour de moi, le temps était orange, comme une fin du monde annoncé. C’était bizarre. Le black à côté n’était pas du tout effrayé par tout ça. Moi je l’étais. « Mais ou on est ? et en plus je connais même pas ton nom... ». Il rigolait tellement que ça en devenait effrayant. « On est dans le monde réel Hanna, rêve toi un peu… »

Mes yeux s’étaient ouverts d’un seul coup. Quel drôle de rêve. J’étais assise sur mon lit à me remettre de mes émotions. Je souriais, pensant que mon subconscient était vraiment dérangé. Mais en même temps, ça ne m’étonnait pas, vu les épreuves que j’avais vécut ses derniers temps. Je me recouchais en essayant de retrouver le sommeil, mais c’était impossible. Je tournais dans mon lit, et retournais, rien à faire. Je me levais, et pris la direction de la cuisine, je pris un verre d’eau et restais quelques minutes dans cette pièce, lumière éteinte. En repartant dans la chambre, je passais devant celle à Sophie. J’entrouvris la porte, et je la vis sous sa couette. Enfin si c’était vraiment elle. Quand on était plus jeune, elle mettait ses coussins en dessous pour faire croire qu’elle dormait, alors qu’en faite, elle faisait la fête à l’autre bout de la ville avec ses potes. J’avais aussi fait ça deux/trois fois, mais étant plus trouillarde que Sophie, j’avais laissé tomber. J’entrais dans sa chambre et en lançant le traditionnel « Tu dors ? ». Aucune réponse, et à en juger le filet de bave qui dégoulinait de sa bouche et qui finissait sur son coussin, elle devait vraiment bien dormir. Ça me fit rire, elle perdait tout son sex-appeal. Une photo ? oui ça m’avait traversé l’esprit, mais je n’étais pas aussi garce que ça pour la prendre. Je me glissais dans son lit comme si de rien n’était. Je me penchais sur elle, et je la regardais en rigolant. Elle devait sentir qu’il y avait quelqu’un à ses cotés car elle ouvrit un œil.

HANNA – Ah t’es réveillée, je me disais bien que tu ne dormais pas à cette heure-ci. – Je rigolais, elle allait me tuer mais qu’importe. – J’arrive pas à dormir, j’ai fait un drôle de rêve, plutôt flippant d’ailleurs, et impossible de retrouver le sommeil. – Elle se retourna vers moi. Je rigolais encore plus. – Sophie… - Je montrais sa bouche et son filet de bave. – Ouais, c’est bon, faut que je te raconte, c’était trop bizarre. J’vais vraiment finir par m’acheter un bouquin sur les interprétations des rêves. Mon subconscient veut me dire quelque chose, mais je n’arrive pas à l’interpréter. – Son regard perplexe ou plutôt de « tu me casses les c*******s», pour être poli, parlait pour elle. – non mais je serais pas venue te déranger si ça ne m’avait pas perturbé..dans ce rêve, tu n’existais pas, et j’avais provoqué une bagarre avec des amazones mi-femme, mi-girafe et je prenais la fuite avec un black gay. Et notre voiture avait pour roue des guépards, c’était trop bizarre j’te jure. Et à la fin, ce black, j’connais pas son nom, m’a dit « On est dans le monde réel Hanna, rêve toi un peu… » et je me suis réveillée, c’est bizarre non ?

Trop même. J'étais rassurée quand même de voir Sophie. Ca prouvait bien qu'elle existait, et que c'était ici le «Monde Réel». Je me retournais, pris un peu de couverture, et me rendormie aussi sec, laissant Sophie réveillée..ou presque.

Conrad Vs Conrad
We may come from the same uterus, i'm not sure we're from the same planet !

Vous connaissez ce moment ou vous vous allongez dans votre lit pour la première fois depuis plus de trente six heures ? Que votre corps vous tue à force de courir partout ? Ce moment où justement, vous commencez ENFIN à vous endormir et à ne plus rien sentir ? Le petit sursaut qu’on a tous – ou presque – quand on commence à réellement tomber dans les bras de Morphée ? Ce moment ou vous vous dites, « bordel, que j’aime dormir » et que dans la seconde, vous ne pensez plus à rien car vous avez basculé dans un autre subconscient ?

Dieu que j’aime ce moment, presque autant que de mater le derrière de Tim ou flirter ouvertement avec lui. Non je rectifie, je préfère ce moment là à tout le reste au monde. Même à mon abominable jumelle. Et là où je dérivais à ce moment là, j’étais loin de tout et de tout le monde et c’était le kiffe. Mais sœur casse cou*lle en a décidé autrement.

De loin, les bruits de la cuisine me parvenait, mais ne me gênait pas plus que ca, mon coussin était beaucoup trop douillet pour que cela ne me perturbe. En revanche, Hanna, il lui en fallut plus que mon état avancé de sommeil pour l’arrêter. De toute façon celle là quand il s’agissait de me souler elle était toujours la première au rendez vous.

« HANNA _ Tu dors ? »

Comment lui dire agréablement de la fermer ? J’enfonce mon visage dans mon oreiller, espérant qu’elle comprendrait que je ne suis pas disponible pour le moment.

HANNA – Ah t’es réveillée, je me disais bien que tu ne dormais pas à cette heure-ci.

T’as raison, c’est l’heure qui fait que je ne dors pas, c’est pas la vache qui vient de rentrer dans ma chambre et qui m’escalade pour s’installer dans mon lit. C’est pas non plus mon double maléfique qui tire la couverture sur elle, retirant le peu qui couvrait ma jambe gauche. C’est pas non plus l’horrible voix qui me raconte son rêve. Comme d’hab, elle part dans son délire, me raconte son rêve, prends toute la place et se rendort sur le dos, la bouche grande ouverte, ne ronflant pas – non non, MADAME ne ronfle PAS, elle « respire fort ».
Je comprends pas tout son rêve, de toute façon, ca doit encore être un truc à dormir debout. Ca m’étonne même plus. La seule chose que je retiens, c’est que dans son rêve, je n’existais pas. Quel bonheur, je n’avais donc personne pour venir me réveiller à 4h17 du matin, se marrant comme une oie avec sa voix insupportable à cette heure ci pour me bourdonner dans l’oreille. Punaise, mais en 26 ans, elle a toujours pas compris que le réveil est sacré ? Que je ne suis pas du matin, et qu’il n’y a pas mieux pour me pourrir la journée qu’en me réveillant pour me raconter n’importe quoi ? Je la hais, je la hais, je la HAIS.
Et voilà qu’elle se rendormait maintenant. Non mais elle me prend pour qui celle là ? C’est pas la fête du slip ici, oh !
Plus déterminée que jamais à lui rendre la monnaie de sa pièce, je me redresse dans le lit, tire la couverture sur moi, et réalisant qu’elle dort déjà profondément et se fiche donc royalement de pas avoir de couette, je la tape sur le haut de la tête assez fort pour me faire mal à la main et la réveiller.

SOPHIE _ Oh j’hallucine, tu crois que tu vas t’en tirer comme ca ? Tu débarques comme une tornade dans ma piaule, bousille mon sommeil réparateur, piaille dans mon malheureux tympans et tu crois que je vais te laisser te rendormir comme si de rien n’était ? Non mais tu rêves Germaine. Oh, DEBOUT.

J’avais légèrement monté le son de ma voix, je la voyais grimacer, et je souffrais autant qu’elle, mais tant pis, je ne serai pas la seule à avoir eu une nuit écourtée comme ca. Mais en plus, je l’entends qui râle, c’est le monde à l’envers, je chope le coussin qu’elle avait sous la tête et la frappe d’un grand coup sur le ventre.

Et en faisant ça, je savais que ma nuit était bel et bien terminée. Si je la réveillais, elle serait en boule, pas autant que moi, mais assez pour qu’on s’empêche de dormir mutuellement. Elle me fusilla du regard, ces grands yeux tout embués par le sommeil, je lui souris innocemment.

SOPHIE _ Oh mais ca y est, tu es réveillée ? Je me disais bien qu’à cette heure ci tu ne pouvais pas dormir.

GAME ON, la nuit allait être longue.

La tête sur l’oreiller, je sentais le sommeil arriver. J’aimais bien cette phase ou on se laisse totalement aller, on lâche prise, on se sent tout léger. Ah qu’est que c’est bon de dormir ! C’était encore mieux avec Sophie, mais ça c’est sûrement par habitude. Je me sentais plus en sécurité. C’est bien connu, on est plus fort à deux, surtout quand on est jumelé.

En parlant de mon double, je crois qu’elle n’a pas très bien vécut ce réveil. Alors que j’allais rejoindre les cieux – ou je ne sais quoi.-, je sentis un vide, suivi d’un coup. Je mis quelques secondes à comprendre que c’était Sophie qui m’avait arraché le coussin et frappé avec. Deuxième réveil de merde, je les collectionne. Maintenant, avec une voix assez stridente, elle commençait à s’énerver. Et pour rien en plus !

SOPHIE - Oh j’hallucine, tu crois que tu vas t’en tirer comme ça ? Tu débarques comme une tornade dans ma piaule, bousille mon sommeil réparateur, piaille dans mon malheureux tympans et tu crois que je vais te laisser te rendormir comme si de rien n’était ? Non mais tu rêves Germaine. Oh, DEBOUT.

Debout ? A 4h20 ? Elle se fout de ma gueule la morue ? J’hallucine ! C’était dont elle le coup sur la tête y a quelques secondes ? Quelle garce ! Je me demande comment ça se fait qu’on soit sœur vu comment elle me traite ! Je la regardai méchamment, espérant qu’elle change d’avis et qu’elle décide de se rendormir, comme les gens normaux. Mais elle n’est pas normale. Sophie Bahia Conrad est tout, sauf normal. Au lieu de me réconforter car je fais un cauchemar, elle me tape. Elle craque la pauvre !

SOPHIE - Oh mais ça y est, tu es réveillée ? Je me disais bien qu’à cette heure ci tu ne pouvais pas dormir.

HANNA – Non, c’est sûr, avec le boucan que tu fais, j’peux pas dormir ! Et j’crois même que t’as réveillé le voisin avec ta voix de crécelle ! - En parlant du voisin, on pouvait clairement entendre qu’il ne dormait pas..enfin qu’ilS ne dormaient pas. – Au moins un qui a un réveil agréable… - Je fis une moue à Sophie puis je lui souris.

Ce n’était pas la première fois qu’on l’entendait et plusieurs fois avec Sophie on cognait aux murs en imitant ses bruits. On se prenait d’ailleurs de gros fous rires à s’en faire pipi dessus..N’est-ce pas Sophie ?

Etant donné qu’elle ne s’était pas rendormie après mon récit, et qu’elle avait ouvert les hostilités, il était de mon devoir de lui rendre l’appareil. Je lui pris le coussin des mains, et lui mis un coup en pleins dans la gueule.

HANNA – ça c’est pour celui que tu m’as mis et qui m’a réveillé… - Suivi d’un deuxième… - Et ça, car maintenant, j’ai plus sommeil.

Je voulais lui en mettre un troisième aussi mais je n’ai pas osé. La raison ? Les bruits ahurissant du voisin, c’est un gros porc, on entend que lui. Mais ça, ce n’était pas de sa faute à la pauvre Sophie. Heureusement pour nous, il n’en a plus pour très longtemps. Question d’habitude…sonore je précise.

Je regardais Sophie dans les yeux, un léger sourire aux lèvres. Même si nous ne faisons rien, si une des deux avait le malheur de piquer du nez, elle serait réveillée par l’autre. Autrement dit, la journée commençait, et nous étions en guerre. Certes, c’était ma faute, mais ce n’est pas de ma faute si ce rêve m’a choqué. Aucune pitié cette Conrad. Elle serait capable de me laisser crever pour quelques heures de sommeil. Une vraie garce !

HANNA – Tu vas me regarder comme ça toute la nuit ? Si tu veux j’te passe un miroir, comme ça j’peux aller dormir… - C’est pas vrai ? On est identique, autant jouer sur ça. – Rappelle-moi depuis quand tu n’as pas dormi ? Je parierai sur 24h, voir plus vu tes cernes. D’ailleurs, ce n’est pas joli à voir..Fais-moi penser à te prêter mon anti-cerne demain, histoire que tu ne fasses pas peur aux clients…

D’un air convaincu, je lui lançais ça, fallait bien que je m’occupe étant donné qu’elle ne voulait pas qu’on dorme. Quand on me cherche, on me trouve ! Et ce n’est pas Sophie qui dira le contraire…

Plus jeune, on avait l'habitude de dormir dans le même lit. Pas forcément parce qu'on en avait envie mais plus parce qu'on y était obligée. Essayez de partager une chambre de 10m2 à quatre avec seulement trois petits matelats. Forcement, les plus jeunes finissent par devoir se tasser. Après tout, on avait partagé le même utérus pendant neuf mois, c'est pas un matelas qui allait nous faire peur. Après le matelas, était venu le studio, on avait enfin eu chacune notre chambre, on avait fait nos vies et six ans plus tard, nous revoilà dans le meme appartement, dans la même chambre, dans le même lit. Je me serai passé de ça cette nuit, je serai volontier restée dans les bras de Morphée, bavant sur mon coussin, m'enroulant dans mes couvertures en diagonale de mon lit. Mais ici, avec Hanna, rien ne se passait jamais comme je l'aimerai. Surtout à 4h du matin.

Après avoir décidé que si je ne pouvais pas finir ma nuit en paix, elle n'aurait pas le droit de finir la sienne non plus, je regretta amèrement mon geste. le coussin avec lequel je l'avais frappé encore dans les mains, je la regardais un sourire innoncent sur le visage.


HANNA – Non, c’est sûr, avec le boucan que tu fais, j’peux pas dormir ! Et j’crois même que t’as réveillé le voisin avec ta voix de crécelle ! -Au moins un qui a un réveil agréable…

Elle est chiée hein? c'est elle qui met fin à mon merveilleux sommeil et c'est moi la voix de crécelle? sachant que des deux, j'ai la voix la plus grave, imaginez un peu ma souffrance quand elle m'a débité son rêve, persuadée que j'en avais quelque chose à faire.
Mais le voisin était bel et bien reveillé. De toute façon ce mec là était insatiable, à longueur de nuit il s'envoyait en l'air. Même pas sure que ce soit toujours la même, et en tout cas, ils étaient souvent à plus de deux dans ce lit.

SOPHIE _ Tu te rends compte que ce mec est une horreur sans nom, de presque cinquante balais et qu'il s'envoie en l'air plus qu'on ne s'est envoyé en l'air si on comptabilise le nombre de fois ou tu l'as fait et mon compte à moi? C'est triste...


Faut dire, on vivait toutes les deux dans le même appart depuis plusieurs mois et ni elle ni moi n'avions ramené qui que ce soit pour la nuit. On était un peu comme ces soeurs qui finissent par vivre à deux avec leurs chats faute d'avoir trouvé quelqu'un dans leur vie.

Elle me tira de mes pensées en me frappant littéralement dans la tronche. Et puis à cette heure ci je n'ai aucun réflexe. c'est comme si j'avais regardé le coussin s'écraser sur moi. Pathétique.

HANNA – ça c’est pour celui que tu m’as mis et qui m’a réveillé… - - Et ça, car maintenant, j’ai plus sommeil.


SOPHIE _ Tu perds rien pour attendre garce, c'est TOI qui me reveille. et MOI j'ai ENVIE de dormir mais je peux PLUS à cause de tes conneries.


Au passage, j'avais chopé un autre coussin et alors qu'elle s'apprétait à m'en mettre un troisieme, j'étais parré pour riposter. Mais le voisin poussa un gemissement terrible qui nous arrêta l'une comme l'autre. J'ai regardé Hanna, les yeux grands ouverts, me retenant d'éclater de rire.

SOPHIE _ Il a presque fini!!!


Constatation par habitude, je me mordis la lèvre inférieure pour ne par rire toute seule. Hanna avait un léger sourire qui trahissait son regard endormis.

HANNA – Tu vas me regarder comme ça toute la nuit ? Si tu veux j’te passe un miroir, comme ça j’peux aller dormir...


SOPHIE_ Je souffre, tu souffres...


HANNA _ Rappelle-moi depuis quand tu n’as pas dormi ? Je parierai sur 24h, voir plus vu tes cernes. D’ailleurs, ce n’est pas joli à voir..Fais-moi penser à te prêter mon anti-cerne demain, histoire que tu ne fasses pas peur aux clients…


SOPHIE _ Un peu plus de trente six heures sans me poser. et j'avais le droit à huit heures de sommeil avant de repartir pour deux jours intenses. Mais non, je n'aurai dormis que 30 minutes à peine. Alors ton anti cerne, tu ferai mieux de me le donner et pas uniquement de me le preter, parce que je risque d'en avoir besoin.


Je lui souris mesquinement. Elle me faisait rire, à moitié assise, le regard dans le vague, les cheveux dans tous les sens. Je m'étais assise en tailleurs, signe que pour moi, c'était fini, je ne dormirai plus. La regardant dans les yeux, je replaca derrière son oreille, une mèche rebelle.

SOPHIE _ Tu te souviens, quand on était petites, on dormait déjà dans le même lit. Un jour tu avais fait ce cauchemar avec des requins à jambe et des chevaux à nageoir? tu m'as reveillée en tombant du lit avec la couverture. il devait être deux ou trois heures du matin. tu m'avais raconté ça quand j'étais encore dans un demi coma et tu pouvais pas te rendormir. Je t'avais defié d'aller mettre les doigts du géniteur dans un verre d'eau. Je t'avais dit que c'était pour voir s'il se transformait en poisson... et tu t'étais mise à rire après l'avoir fait parce qu'il s'était pissé dessus? En fait, je savais que ca marchait le truc du verre d'eau, ca faisait plusieurs nuits de suite que je m'amusais à le faire à Alysson et Holly. Mais je te reveillais jamais parce que tu dormais toujours profondément et au milieu du lit. Du coup, impossible de fermer l'oeil, fallait que j'emmerde le monde. Et t'étais tellement flippé après ce cauchemar là, que je me suis dit que ca te ferait rire. Tu vois même si je te frappe parce que tu me racontes des cauchemars bancales, même vingt ans après je m'en souviens.
Je sais pas pourquoi je te raconte ça. T'as juste la même tête que ce jour là.

Elle avait toujours ce petit regard innocent et enjoué, comme si à cette heure ci de la nuit, elle ne pensait pas à ce qui s'était passé ces dernières années, comme si on était retombé en enfance avec notre regard encore naïf et amusé. Et ce souvenir m'était revenu, comme une image d'épinal. Un souvenir qui vous reste parmis tant d'autres. ceux qui font du bien de se rappeler parce que tout le reste entraine toujours un mauvais moment.
Les souvenirs avec Hanna aussi durs soit il, resteront toujours ceux auxquels je me raccroche quand tout fout le camps. Et j'entends encore son rire cristallin quand notre géniteur s'était pissé dessus. Et quand tout part en vrille, je me raccroche à ça. A nos rires entremelés...

SOPHIE - Tu te rends compte que ce mec est une horreur sans nom, de presque cinquante balais et qu'il s'envoie en l'air plus qu'on ne s'est envoyé en l'air si on comptabilise le nombre de fois ou tu l'as fait et mon compte à moi? C'est triste...

Non, mais qu’est qu’elle en sait ? Je suis sûre que moi aussi je peux rivaliser avec le porc d’à côté ! Quoi que non, je ne veux pas rivaliser aussi avec sa collection de morpion ! Beurk, je me dégoute toute seule en imaginant les petites bêtes joué à Jane & Tarzan avec les lianes. L’horreur !

HANNA – Parles pour toi, tu n’sais pas ou en est mon compte que je sache ! – Je lui souris. – Je sais pas comment il fait, il est répugnant en plus.

Mais c’est vrai, il est énorme, on le sent à dix kilomètre et en plus il est désagréable. Je ne comprends pas que lui arrive à se faire plaisir, alors que nous...on est là, à l’écouter gémir ! C’est frustrant quand même ! Et comme dirait Sophie..C’est triste pour nous. Mais bon, on ne peut pas y remédier en l’instant présent, donc autant passé à autre chose
Par autre chose, j’entends frapper bien fort Sophie avec un coussin. Le plus drôle est sa non-réactivité. J’adore, c’est comme un punching-ball, on tape et elle revient !

SOPHIE - Tu perds rien pour attendre garce, c'est TOI qui me réveille. et MOI j'ai ENVIE de dormir mais je peux PLUS à cause de tes conneries.

Je rigolai comme une gamine, elle est marrante quand elle n’a pas dormi et qu’elle s’énerve ! Alors qu’elle allait me taper avec son cousin, notre cher voisin jouit..enfin !

SOPHIE - Il a presque fini!!!
HANNA – C’est pas trop tôt !

On était toutes les deux dans le lit à se retenir de rire. Pourquoi on se retient ? Je ne sais pas trop, sûrement car on est polie et qu’on ne veut pas le déranger le pauvre gars. On le laisse prendre son pied tranquille. C’est à charge de revanche. Quand il dormira profondément, on fera du bruit nous aussi.

On entamait à présent la guerre froide avec Sophie. On s’observait mutuellement, en scrutant l’autre pour ensuite appuyer sur ses défauts. On se connaissait par cœur, et on arrivait toujours à s'en trouver. Dans ces moments là, ce n’est pas bons d’être sœur, on arrive trop à anticiper les mouvements de l’autres, ses répliques, ses gestes. On sait que quand elle a CE regard, elle va faire ça et pas autre chose.

SOPHIE - Je souffre, tu souffres...

Je lui lançai un regard hautain. Elle a une mentalité de gamine celle là je vous jure ! Comme si c’était MA faute qu’elle ne puisse pas dormir ! Et d’ailleurs, qui a proclamé ça ? Elle pouvait très bien dormir là maintenant tout de suite au lieu de faire la guéguerre avec moi ! Histoire de bien l’emmerder, j’essayais de la faire rager. Mais ça ne marchait pas ! Sophie était bien trop maligne pour ça.

SOPHIE - Un peu plus de trente six heures sans me poser. et j'avais le droit à huit heures de sommeil avant de repartir pour deux jours intenses. Mais non, je n'aurai dormis que 30 minutes à peine. Alors ton anti cerne, tu ferai mieux de me le donner et pas uniquement de me le prêter, parce que je risque d'en avoir besoin.
HANNA – Wouah, t’es mon héroïne ! T’es fracassée et pourtant, je te sens aussi fraiche qu’un concombre ! J’aime ! Et prends-le l’anticerne, t’en aura plus besoin que moi…

Là, elle s’assit en face de moi, me remit une mèche de cheveux en place, et elle entama une longue tirade. Sophie n’était pas une personne qui parle beaucoup. Elle préfère parler peu mais bien, plutôt que faire des longs discours qui n’ont ni queue ni tête..et là, même si ça paressait long, ça en valait la peine !

Elle me raconta une anecdote de notre enfance. Un moment totalement magique, j’avais tellement ri ce jour là. Notre père se faisant pipi dessus avait été un grand moment. J’avais même faillit faire à ma culotte moi aussi tellement je rigolais à sa bêtise. Certes, je l’avais faite cette fois-ci, mais les fois précédentes, Sophie avait testé cette technique sur nos deux ainées. Bizarrement pas sur moi. Mais ce n’était pas par bonté d’âme de sa part d’elle, juste qu’elle ne voulait pas ensuite s’endormir dans un lit mouiller et puant.

SOPHIE – […] Tu vois même si je te frappe parce que tu me racontes des cauchemars bancales, même vingt ans après je m'en souviens. Je sais pas pourquoi je te raconte ça. T'as juste la même tête que ce jour là.

Je l’écoutais attentivement, comme une mère qui raconte une histoire. Enfin je crois, je n’avais jamais vécut ce genre de moment. Je lui souriais, et compris en cet instant, qu’elle était celle qui me connaissait le plus. Sinon qui aurait pu me raconter cette anecdote ? Personne. Elle avait le don, inconsciemment surement, de m’apaiser. Et même si je n’étais pas angoissée ou autre à ce moment, elle avait su trouver les mots. Ce cauchemar n’était pas autant horrible que quand j’avais six ans, mais me rappeler cet évènement, me fit du bien. Sophie était la meilleure sœur qu’on puisse avoir, car même si la vie est complètement pourrie, elle sait allumer la lumière pour y voir plus clair dans ce noir si sombre.

HANNA – Je me rappelle de ce soir là, qu’est que j’ai pu rire ! Le matin quand il s’est réveillé, il a gueulé comme pas possible. Heureusement qu’il n’a pas su que c’était moi, sinon j’aurais passé un mauvais quart d’heure, et je n’avais pas envie de ramasser sa pisse au vieux !

Je lui souris, encore et toujours, c’était inévitable avec elle. Ce rêve était tombé à pique, sans ça, je n’aurais pas entendu l’anecdote de Sophie. Je préfère d’ailleurs ça, à la guerre qu’on avait préétablie quelques minutes plutôt.

HANNA – La prochaine fois, on testera sur Lindsay… - J’imaginais déjà la scène, je me mis à rire. – Comme ça elle restera chez elle avec son mari..

Oui car c’est Madame l’incruste elle, quand elle ne veut pas rester avec Duncan, donc elle vient chez nous, faut dire que ça nous fait bien rire, car y a qu’elle pour se foutre dans des merdes pas possibles !

HANNA – Tu veux pas qu’on aille dans la cuisine, j’ai faim. – Je lui fis les yeux doux, histoire de l’avoir dans ma poche et d’avoir gain de cause. – J’ai caché des chocolats en dessous de l’évier, pour éviter que Reed nous bouffe tout !

Moi radine ? pas un brin, mais faut dire que l’autre quand elle arrive, elle nous vide le frigo, une vraie goinfre !
Je pris les devants, la sensation du froid sur le carrelage quand je posais mes pieds, me fit des frissons, au passage, j’empruntai une veste à Sophie, elle ne m’en voudra pas.. !

HANNA – Je me rappelle de ce soir là, qu’est que j’ai pu rire ! Le matin quand il s’est réveillé, il a gueulé comme pas possible. Heureusement qu’il n’a pas su que c’était moi, sinon j’aurais passé un mauvais quart d’heure, et je n’avais pas envie de ramasser sa pisse au vieux !

Un mauvais quart d’heure ? C’était peu dire. Le géniteur avait la main lourde quand il n’étais pas satisfait, quand il n’était plus sobre, quand il n’était pas heureux, quand son équipe préférée de basket venait à perdre, quand la météo annonçait de la pluie, quand elle annonçait du soleil aussi. Il avait la main lourde quand il nous voyait passer, quand il nous entendait parler ou respirer. Il avait la main lourde dans n’importe quelle circonstance, imaginez qu’il se soit aperçut que Hanna avait fait ça ? Comme d’hab, il aurait surement tapé sur les deux, ne sachant pas bien laquelle était laquelle.

SOPHIE _ Je crois que s’il l’avait su, il y aurait eu un double homicide.

Je lui souris malgré tout. On arriverait probablement jamais à rire de ce que notre géniteur nous avait fait subir, mais on arrivait toujours à rire de nos conneries. On efface la douleur et on tente de garder uniquement ce qui brille, ce qui fait sourire. C’est toujours mieux de se rappeler des moments qui nous ont fait vivre plutôt que ceux ou on attendait des semaines, allongées parce que l’animal qui nous avait engendré venait de nous briser les cotes !
A nous voir toutes les deux aujourd’hui, j’ai pas l’impression qu’on devine ce qu’on a traversé, on se ment tellement bien à nous même que de toute façon, personne n’est censé s’en rendre compte.

HANNA – La prochaine fois, on testera sur Lindsay… Comme ça elle restera chez elle avec son mari..

SOPHIE _ Tu crois vraiment que ca la ferait fuir ? Je suis pas certaine. Elle s’accroche la bestiole.

Je souris en l’imaginant en train de pisser dans notre canapé. Mais je me ravisa, j’aime mon canapé.

Lindsay, si elle n’était pas aussi bruyante, on aurait pu croire qu’en achetant l’appartement, elle était fournis avec les meubles. Pire que les morpions, elle s’accrochait depuis notre plus jeune âge. Petites, elle passait les ¾ de son temps avec Hanna – le ¼ restant, elle dormait – Inséparables les deux. Pour moi, elle faisait partie de la famille, je ne l’ai jamais considéré comme ma meilleure amie, j’avais la mienne, ma Lexie. Mais quand Hanna a mit les voiles pendant quelques mois l’an passé, on a comblé le vide en parlant, en délirant. Ca nous a rapproché. Si bien que depuis qu’elle avait dit « oui » à un parfait inconnu, elle passait son temps à squatter chez nous. Le canapé était devenu son refuge, et la cuisine son terrain de jeu. Enfin le frigo, Lindsay ne cuisine pas, vaut mieux pas, mais elle bouffe. Elle ne mange pas, elle bouffe, tout le temps, jour et nuit. Laissez trainer quelques miettes de pain sur la table, elle collera son index dessus pour les attraper. Une benne à ordures.

HANNA – Tu veux pas qu’on aille dans la cuisine, j’ai faim. –

SOPHIE _ Tu as toujours faim.

Le regard suppliant d’une petite fille, elle était à deux doigts de me faire les yeux doux. Elle me fit sourire. Je repoussa la couverture et en descendant de mon lit, attrapa un gilet bien large pour mettre par dessus le boxer et le débardeur qui me servait de pyjamas. (Oui comme les adolescentes, et alors ?) Hanna attrapa une veste qui trainait sur une chaise et l’enfila sans rien demander, je secoua la tête, dépitée, habituée et amusée. Le carrelage me glaçait les pieds mais trop tard, j’étais debout, prête à préparer un truc à manger.

HANNA _ J’ai caché des chocolats en dessous de l’évier, pour éviter que Reed nous bouffe tout !

SOPHIE _ J’en ai caché au dessus des placards aussi…

Je riais face à notre prévoyance.

SOPHIE _ Je veux bien que Béni bouffe tout nous mange tout le frigo, mais le chocolat, faut pas abuser.

Tout en parlant, j’avais mis à chauffer du lait et avait sorti le chocolat en poudre. Le pain était déjà en train de griller et le Nutella posé sur la table.
Assise en tailleurs sur ma chaise face à Hanna, je commençais déjà à lui préparer ses tartines. Elle me regardait, comme un moineau attend son ver de terre.

SOPHIE _ Je t’apprendrai un jour à utiliser un grille pain et une cuillère pour tes tartines, tu verras, tu me remercieras.

Je lui souris, l’air taquin.

SOPHIE _ Bon alors ce rêve ? Tu roulais à combien avec des guépards à la place des roues ?

Si si, j’avais posé la question…

SOPHIE - Je crois que s’il l’avait su, il y aurait eu un double homicide.

Le pire dans cette phrase, c’était qu’elle était totalement vraie. Notre père aurait très bien pu nous tuer, s’il avait su. Tout le quartier était témoin de ce qu’il nous faisait mais personne parlé, personne ne voulait être mêlé à des histoires de famille. Et surtout, ils se disaient qu’on l’avait peut-être mérité. C’est vrai qu’avoir les côtes cassées à cinq ans pour n’avoir pas passé une canette de bière à son père, est courant chez toutes les familles américaines. Au départ, on pensait que c’était normal, puis, on s’est dit que c’était peut –être notre faute après tout si tout le monde le dit, c’est que c’est vrai. Et quand on s’est rendu compte que chez les autres, c’était différent, et qu’au fond, on ne faisait rien de mal, on a commencé à nourrir une haine des plus fortes envers lui. Sophie plus que moi, car encore aujourd’hui, je me surprends à le défendre pour les actes qu’il nous a fait, pourtant, il est inexcusable.

Je lui souris aussi pour donner le change. Mais ce n’était pas trop la réaction que je voulais avoir, mais je ne voulais pas lui accorder plus de minutes, c’était déjà suffisant. Il nous avait fait trop de mal pour qu’on y pense plus. On s’était promit toutes deux, d’avoir une vie simple, normale, sans prise de tête. Mais l’inverse c’était passé. Elle avait abandonné ses bébés, moi mon fiancé. Elle avait perdu son fiancé, et moi mon bébé. Comme quoi, jusqu’à là, on fait tout pareil. La simplicité des vies qu’on voulait avoir, ne nous avait vraiment pas réussi. Maintenant, on se contentait de vivre ensemble, comme ça, on ne ferait plus de mal à notre entourage, car ils sont, soit amenés à mourir, soit on les abandonne. Autant ne pas nous approcher.

Cette vérité ne s’applique pas sur une personne, Lindsay Reed, toujours coller à mes bask’ depuis vingt cinq ans maintenant. C’est le genre de personne qui vous exaspère mais qui à cause –ou grâce, c’est à voir selon les cas- de ça, vous aimez encore plus.

SOPHIE - Tu crois vraiment que ca la ferait fuir ? Je suis pas certaine. Elle s’accroche la bestiole.
HANNA – T’as raison, j’crois même que ça la ferait rester encore plus, elle te sortirait un truc du genre « c’est mon canapé, j’ai marqué mon territoire » tellement qu’elle est perchée !

Je rigolais, je la voyais trop dire ça, d’un air totalement sérieux. Je me moque d’elle, mais vous connaissez le dicton.. « Qui aime bien, châtie bien » et moi je l’idolâtre ma Lindsay !

J’avais proposé à Sophie qu’on aille dans la cuisine, rester dans le lit à ne rien faire, ce n’est pas mon genre. Son « Tu as toujours faim. » Me fit sourire intérieurement, extérieurement, je lui fis une moue, je ne voulais pas lui donner raison, même si ce qu’elle venait de dire était totalement vrai. J’avouais enfin à Sophie, que j’avais caché des friandises sous l’évier, elle sourit.

SOPHIE - J’en ai caché au dessus des placards aussi… - Je rigolais avec elle.
HANNA – On est vraiment des garces, la pauvre si elle savait, elle nous tuerait.
SOPHIE - Je veux bien que Béni bouffe tout nous mange tout le frigo, mais le chocolat, faut pas abuser.
HANNA – J’aurai pas dit mieux !

Assise maintenant dans la cuisine, je regardais Sophie. Elle nous préparait le pré-déjeuner..La petite collation de la nuit. Elle mit le lait à chauffer, et j’attendais le tout. Sophie tartinait les tartines de Nutella tout en me parlant.

SOPHIE - Je t’apprendrai un jour à utiliser un grille pain et une cuillère pour tes tartines, tu verras, tu me remercieras.
HANNA – Je sais m’en servir..mais les miennes ne seront jamais aussi bonnes que les tiennes, j’sais pas pourquoi..donc j’préfère attendre le meilleur que me contenter du suffisant..

Là était la nuance Conrad. Je lui souris, très contente de ma phrase d’explication. Sophie s’en foutait royalement, car je sais que si elle le faisait, c’est parce qu’elle en a envie, sinon, elle m’aurait mit le Nutella et les tartines devant et j’aurais comprit qu’il fallait que je le fasse seule. Mais j’aimais bien que ma grande sœur (de douze minutes) me fasse mes tartines. Des fois, j’avais ce besoin de sentir que j’étais protégée. Pas nécessairement par des gros bras, mais simplement avec deux tartines, je me sentais comme une petite fille dépendante de quelqu’un. C’est con, vraiment con, mais j’avais besoin de ça de temps en temps, et je savais que je pouvais me le permettre avec Sophie, car elle comprenait ce sentiment.

Puis, elle revint vers mon rêve, l’air amusé.

SOPHIE - Bon alors ce rêve ? Tu roulais à combien avec des guépards à la place des roues ?

Je la regardai perplexe. Sa question était précise, et j’en avais aucune idée, mais alors vraiment aucune.

HANNA – J’sais pas, je dirais 100/120 par là ! Faut pas croire, c’est rapide un guépard et encore plus quand il est coursé par des amazones en furie ! – Je prenais conscience du ridicule de mon cauchemar. – Mais ce n’est pas ce que j’ai le plus retenu ! J’crois que ce black métro-sexuel m’a plus choqué ! Il avait l’air extra, mais il ressemblait beaucoup à un de tes ex aussi. Tu sais Puck du collège, lui avec qui tu étais sortie pour emmerder Bethany…

Arf les souvenirs du collège, quelle belle période, n’est-ce-pas Sophie ? C’est le genre de chose qu’on veut à tout prit oublier, mais qui comme par hasard, resurgisse toujours ! Pour ma part, je n’avais pas oublié car j’avais trop ri le jour ou elle me l’avait dit ! Sophie était une vraie garce au collège, et bien trop souvent, on me prenait pour elle !

HANNA – Rassures-toi, dans mon rêve, tu n’existais même pas..Donc ce n’était pas Puck mais il lui ressemblait drôlement..Tu sais ce qu’il est devenu d’ailleurs ? Peut-être que c’est un rêve prémonitoire, et qu’il est quelques part dans la forêt amazonienne à se faire courser par des femmes/girafes, et qu’il voulait ton aide, et qu’il s’est trompé de rêve..Ça peut arriver non ?

Non je ne crois pas ! Le mieux que tu puisses faire, c’est d’aller te recoucher Hanna !

HANNA – Je sais m’en servir..Mais les miennes ne seront jamais aussi bonnes que les tiennes, j’sais pas pourquoi..Donc j’préfère attendre le meilleur que me contenter du suffisant..

Elle est douée non ? M’amadouer en me disant que mes tartines étaient meilleures que les siennes. Habitude de petite fille. On avait beau avoir que quelques minutes de différences, elle me donnait parfois l’impression d’avoir des années de moins. Son regard de petite fille et son sourire rieur toujours présent pour me remonter le moral à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Me faire sourire d’avantages quand tout allait déjà bien. Certes elle avait perdue ses traits de bébé, mais il ne m’était pas difficile, en la regardant, de la revoir à 5 ou 6 ans. Et dans ces moments là, quand elle tente de me faire croire que je fais mieux fonctionner le grille pain qu’elle, et que je tartine mieux le Nutella, je la revois toute petite. Je crois que dès que j’ai eu l’âge de tenir un couteau, j’ai commencé à lui préparer ses tartines. Je ne la revois pas les faire elle même en 26 ans d’existence. Mais ca ne me gênait pas. La vérité ? J’aimais cette sensation de devoir m’occuper de quelqu’un d’autre que de moi. J’aimais l’idée d’avoir cette « petite » sœur à protéger. Ces soucis me faisaient oublier les miens, ces sourires me faisaient oublier mes chagrins et ses conneries ne manquaient jamais de me faire rire.

SOPHIE _ Le jour ou on va déménager, tu comptes prendre un appartement à coté du mien, histoire de venir prendre ton petit dej’ le matin ?

Je lui souris et changea de conversation en revenant sur son rêve. J’étais assise en tailleurs sur la chaise face à la sienne et attendait qu’elle réponde à ma question stupide.

HANNA – J’sais pas, je dirais 100/120 par là ! Faut pas croire, c’est rapide un guépard et encore plus quand il est coursé par des amazones en furie ! Mais ce n’est pas ce que j’ai le plus retenu ! J’crois que ce black métro-sexuel m’a plus choqué ! Il avait l’air extra, mais il ressemblait beaucoup à un de tes ex aussi. Tu sais Puck du collège, lui avec qui tu étais sortie pour emmerder Bethany…

Je me marrais en écoutant son récit. C’était pas la première fois qu’elle faisait un rêve aussi débile, ce serait surement pas la dernière fois non plus mais à chaque fois, ca me faisait hurler de rire. Cette fille a un grain, quand on était petites, je lui répétais souvent qu’elle avait du tomber de la chaine de distribution des cerveaux. Je trouve ca toujours d’actualité…

Quand elle prononçât le prénom de Puck, je manqua de peu de m‘étouffer avec ma tartine. Comment oublier Puck ? Bethany était une petite peste qui aimait pourrir la vie d’Hanna, Puck était le petit ami de cette même peste. Du coup, pour la faire enrager, je suis sortie avec son mec – elle a longtemps cru que c’était Hanna qui était avec Puck- ce mec avait un problème aussi. Il faisait plus attention à son apparence que mes trois sœurs et moi réunies avant une soirée. Pas gay pour autant, il était même tomber un peu trop amoureux de moi. Dans le genre collant. Lexie m’avait soufflé la solution pour m’en débarrasser et deux jours plus tard, il me surprenait au lit avec sa sœur. Lexie a toujours eu des idées brillantes… Rien que de repenser à tout ça, je me marre d’avantage.

HANNA – Rassures-toi, dans mon rêve, tu n’existais même pas..

SOPHIE _ Oh mais me voilà pleinement rassurer, si je n’existais pas….

Regard septique et petite moue façon « vexée » pour la faire chier.

HANNA_ Donc ce n’était pas Puck mais il lui ressemblait drôlement..Tu sais ce qu’il est devenu d’ailleurs ? Peut-être que c’est un rêve prémonitoire, et qu’il est quelques part dans la forêt amazonienne à se faire courser par des femmes/girafes, et qu’il voulait ton aide, et qu’il s’est trompé de rêve..Ça peut arriver non ?

SOPHIE _ J’ai revu sa sœur il y a peu de temps, visiblement il vit à New York, il dirige je ne sais quelle grosse boite de cosmétique. Il est marié et a deux chiards. New York et la jungle c’est similaire, t’es peut être pas tombée loin finalement.

Pause. Regard dubitatif. Sourire en coin.

SOPHIE _Pour ce qui est des femmes girafes, il bosse avec des mannequins, c’est peut être ça aussi. La seule chose que je ne m'explique pas, c’est les guépards aux roux de ta voiture. Puis quand tu sais que UN guépard peut atteindre 110 km/h, je me demande à quelle vitesse tu peux vraiment aller quand tu en as quatre…tu vois ?

Pause. Tartine. Merde, je délire autant qu’elle…

HANNA – Tu ne t’en rappelles peut-être pas..mais j’ai déjà vécut sans toi..Pendant trois longues années où tu as fait ton tour du monde avec Romain…

Prends ça dans ta gueule Soph'. Tu te penses indispensable, mais tu vois bien que finalement on s'en sort mieux sans toi. Si on y pense, les quelques années ou je suis partie, c'est les années ou Hanna était pleinement heureuse avec son Donovan à la noix. Quand je suis revenue tout à foutu le camps, encore. Je dis pas que c'est de ma faute, mais je me dis que je dois avoir un karma de merde pour les autres. Et quelle meilleure façon de m'enfoncer un peu plus que de reparler de Romain. Entendre son prénom m'avait brûler les entrailles. J'avais de nouveau avaler de travers mon chocolat. Je reposais la tasse devant moi, ainsi que la tartine à moitié entamée. Plus vraiment l'appétit.
Je savais pertinemment qu'Hanna m'en voulait d'avoir foutu le camps pendant des années. J'avais tenté de la contacter au début, mais elle refusait de me parler. Finalement, avoir de ces nouvelles par le biais de mes soeurs étaient devenus plus facile. et Pendant trois ans ca avait été comme ça. Avec Hanna, c'est tout ou rien. Je peux comprendre sa rancoeur, tout avait été très soudain. Je ne m'excuserai plus, je l'avais assez fait, et les mots « je suis désolée » avait finit par perdre tout leur sens. J'étais navrée que les choses ce soient passées ainsi, mais si c'était à refaire, je ne changerai rien...


HANNA – Enfin, tout ça pour dire que même si une de nous déménageait..Et c’est loin d’être le cas..Bah, je ferais avec ! Mais l’idée me plait bien que tu habites sur le palier d’en face… - Tu crois qu’on peut virer Logan ?

Je lui souris, le froid qui venait de passer continuait de faire mal mais on passerait outre, on allait pas s'arrêter à ça. J'avais pris l'habitude qu'elle me ressorte ça régulièrement. Pas forcément méchamment, mais pour me rappeler que sans moi, elle s'en sortait aussi bien. Que je l'avais laissé tomber pendant trois ans alors qu'elle avait toujours été la pour moi. Le cygne et le vilain petit canard. Elle était douce, discrète et diplomate. J'étais pas diplomate pour un sou, téméraire et casse couille... Incapable de retoucher à ma tartine, je m'étais affairé à lui en préparer d'autres. Se donner une contenance, toujours.

SOPHIE _ Je sais bien que toute seule tu t'en tires bien. Je te taquinais parce qu'il est 4h30 du matin et que tu es venue me réveiller pour un cauchemar. Et puis pourquoi ce serait moi en face? il me plait bien notre appart... Quoi que, j'aime bien la terrasse de celui de Logan. Deal, on le déloge et je m'installe en face...

Logan... une autre histoire celui là. Dès le premier jour je l'avais cherché en le laissant croire que j'étais la gentille voisine qu'il avait rencontré la veille, qui l'avait aidé et qui avait été sympas... ouai vous avez compris, il pensait que j'étais Hanna. Au départ, je le prenais vraiment pour un dingue et puis j'ai compris qu'il s'était gourré. du coup je ne m'étais pas arrêtée. Depuis il est devenu un véritable ami, un allié. J'aime me confier à lui et inversement. J'aime délirer avec lui, j'aime sa présence. Hanna et lui étaient devenus très amis aussi, d'une façon différente. Et parfois en les regardant, j'enviais leur complicité. Différente de celle que lui et moi avons. J'avais toujours été la plus indépendant des deux. J'avais des amis mais je mettais plus longtemps qu'Hanna pour m'en faire. trop sur la défensive. Du coup, quand je la vois avec Logan ou Lindsay, j'ai parfois cette pointe de jalousie, qui me dit que je suis pas assez bien qu'elle et que c'est à cause de ça que j'ai peu de vrais amis, une complicité différente avec eux. Que c'est pour ça aussi que ma meilleure amie se fait de plus en plus rare, que mon meilleur ami a levé le camps en angleterre... Ouai parfois je reflechis trop...et je suis carrément dans la lune. Je déraille encore, je divague, je suis incapable de rester concentrée cinq minutes, ca fait fuir tout le monde ca non?

HANNA – Sophie..C’est un rêve, tout ne s’explique pas. Comme quand tu as rêvé que Lindsay avait du poil au menton..Ça s’explique pas. A part si tu voulais en faire ton quatre heure..enfin j’en doute, Lindsay mange pas de ce pain là.. – Enfin, en même temps je ne sais pas ce qu’elle mange réellement celle-là. Et je m’en fous un peu à vrai dire ! –

De quoi elle parle? ... Ah oui, son rêve et ma réflexion débile...

SOPHIE _ dans un rêve ça a forcément un sens non? alors si tu ne fais que du 120km/h alors que tu as quatre guépards au roux, c'est qu'il y a une couille dans le potage, je suis désolée, tu as un mec impuissant qui te poursuit? Ah moins que ce soit Puck qui soit impuissant? je me rappelle pas tellement, c'est que ca devait pas être mémorable... merde Grumo, tu as sûrement des pouvoirs je crois. Puck dans la jungle avec des girafes, et des problèmes de tuyauteries... bien joué.

Je la regardais tremper sa tartine et la dévorer des yeux (et littéralement d'ailleurs). La mienne était toujours sur la table et j'avais eu le temps d'en faire cinq autres. J'avais fait une moue après mon explication sur son rêve, genre « et merde, je délire aussi sévère que toi » puis j'avais rit.

Elle ne reviendrait pas sur le sujet « Romain ». Elle avait bien compris à ma réponse qu’il valait mieux ne pas s’aventurer sur ce terrain là. On passait un moment agréable, mêlant souvenirs et rêves bizarres, Donovan et Romain n’avaient pas franchement leur place ici. Même si au fond j’aurai aimé qu’on soit capable de délirer tous les quatre au beau milieu de la nuit. Je savais aujourd’hui que ca n’arriverait jamais. Elle coupa donc court à ce bout de conversation et répondît seulement à la deuxième partie de ma phrase. Pourquoi JE devrais quitter l’appartement et pas elle ?

HANNA_ Bah parce que toi..Moi j’aime bien le notre, surtout ta chambre avec le voisin nympho, j’sais pas pourquoi..Il m’arrive même d’avoir des montées d’hormones en l’entendant…

Mes yeux s’étaient écarquillés comme jamais. Je savais qu’elle déconnait mais le fait qu’elle puisse parler de ses hormones en ébullition et du voisin dégueu dans une même phrase, CA, ca me choquait. Non mais ma petite sœur avec un porc pervers et crade, aaaaa, chassez moi cette image de ma tête.

SOPHIE _ S’il ne te faut que ça, on peut échanger nos chambres hein. Ou alors, je garde l’appart’, et tu t’installes en haut, chez lui. Perverse…

Pendant qu’elle se marrait, je fis signe de vomir. Aaaa non mais sérieux, de base, imaginer ma sœur au lit avec qui que ce soit, j’évitais mais alors là, ca frôlait carrément le mauvais porno. Dégueulasse…

HANNA _ Non, j’sais pas, toi ou moi c’est pareil tant qu’on habite sur le même palier. Logan, on peut le foutre chez Lindsay, vu le temps qu’elle passe chez lui, il n’y verra que du feu.

Non j’étais pas d’accord, j’aime Lindsay, sincèrement, mais Logan c’est NOTRE voisin. Même si Lindsay avait décrété que son QG se ferait entre chez lui et chez nous, j’aimais considérer Logan comme NOTRE voisin à nous et pas à elle. Oui je peux être possessive aussi, c‘est comme ça, mais si vous l’aviez vu lui aussi, le fait que je nous l‘approprie ne vous semblerait plus aussi étrange, croyez moi.
Et puis, pas sure que lui apprécierait qu’on le case avec Lindsay. Elle est adorable, mais punaise ce qu’elle est fatigante. Il lui arrivait souvent de débarquer chez nous et de foncer se poser dans une de nos chambres alors que Lindsay foutait un bordel sans nom dans son appartement à lui. Il était même partie une fois en l’enfermant chez lui pour être sur d’avoir la paix une journée complète.

SOPHIE _ Autant le pousser par la fenêtre le pauvre…

HANNA – Oh pire, je prends une colloc avec lui..Je me sacrifie ! Mais j’avoue que le mieux, ça serait de détruire notre mur commun, on aurait un étage pour nous trois…enfin quatre car l’autre n’y verrait que son intérêt la Reed !

SOPHIE _ Tu vas me prendre pour une barge, mais j’adore l’idée d’une colloc à trois et demi. Je dis demi, parce que l’autre a beau passer plus de temps chez nous que nous trois réunis, elle vit toujours aux frais de la princesse… paye pas la bouffe, pas le loyer, pas l’électricité… elle s’en fait pas la grosse. Mais là, je crois que c’est Logan qui deviendrait ouf de vivre avec trois gonzesses…

Quoi qu’on n’était pas les pires. On se prenait pas la tête pour un rien, on était plutôt posées et délurées quand nécessaire. Malgré ce qu’on peut croire, on aime aussi se retrouver chacune de notre coté. Non sans déconner, je pense pas qu’on soit trop dur à vivre. Reed, c’est une autre histoire…

J’analysais une nouvelle fois son rêve, déraillant un peu plus que la fois d’avant, si c’est possible ! Je laissa échapper que Puck ne m’avait jamais franchement marquée sexuellement. Que peut être qu’effectivement il était impuissant. Elle ne releva que la première partie de la phrase. Ca m’étonnait même qu’elle soit surprise.

HANNA – Quoi, t’as joué à touche pipi avec Puck ? J’en reviens pas..tout s’explique maintenant. Tu en tirais les avantages avec lui, et moi les inconvénients avec l’autre connasse ! J’suis sur le cul !

SOPHIE _ Ca t’étonne franchement ? je couchais avec n’importe qui à l’époque, et je dis pas ça fièrement, j’enchainais conneries sur conneries, et inconnus sur inconnus. Et c’est le fait que je couche avec le mec avec qui je sortais qui te choque ? tu me surprends. – je lui souris, ce que j’allais dire après, pas sure qu’elle soit au courant non plus, CA ca pourrait la choquer – et puis j’ai été obligée de coucher avec sa sœur pour qu’il me lache la grappe. Alors je parlerai pas QUE d’avantages, on a chacune notre part d’inconvénient. Et même s’il m’a prouvé que la « légende » sur les noirs bien montés, n’était pas qu’une légende, je garde pas un vrai souvenir de l’action, CQFD, la quantité ne fait pas la qualité…

Et puis c’est pas parce qu’il a deux gosses que c’est un bon coup. Sa femme est peut être fertile, un coup de temps en temps et BAM, un polichinelle dans le tiroire… je dis ça je dis rien…

Je précise aussi qu’en plus de pas être une fille chiante à vivre, je peux parfois être pire qu’un mec quand je parle. Dans le genre cru, je peux être grave…

HANNA _Tu as fait des tartines pour un régiment. Tu ne manges pas ? Les problèmes de tuyauterie de Puck t’ont retourné l’estomac ?

SOPHIE _ C’est toi le régiment… et je sais pas ce qui m’a coupé l’appétit, si c’est toi et tes orgasmes de pervers quand tu écoutes le voisin .. je comprends maintenant pourquoi tu viens souvent dans ma chambre d’ailleurs, ou si c’est le fait de tenter de me rappeler lequel était un meilleur coup entre le frère et la sœur Marshall. Je la regardais se marrer, avec du chocolat plein les dents et ajouta ou la vision d’horreur que tu m’offres.

En parlant, j’avais attrapé une tartine de Nutella que j’avais approché d’Hanna, façon de dire, « cadeau », mais cette cruche elle s’est approché de la tartine, histoire de la renifler, comme pour apprécier l’odeur du chocolat noisette. Ben j’ai pas pu résister, j’ai éclaté la tartine sur son nez, recouvrant approximativement 79 % de la surface de son visage avec du Nutella. Impossible de voir sa réaction derrière cette couche et encore moins à cause du fou rire que je me tapais à cet instant précis …

HANNA – C’est déjà un peu le cas..Tu connais beaucoup de voisin toi qui rentre chez l’autre sans frapper et qui continue la conversation alors que l’autre est sous la douche ou en train de chier ? Pas moi ! On agit plus ou moins comme tel. On a en quelques sortes que les avantages de la colloc, car pour l’instant, je ne vois aucun inconvénient. Si ce n’est Reed.. Quoi que sans elle, ça serait pas pareil, elle pigmente notre vie avec ses conneries…et oui, le mécano deviendrait fou, il nous prendrait à coup de clé à molette, et il utiliserait nos graisses pour huiler les voitures.

Certes, on vivait déjà comme une immense fratrie… non on va éviter de dire fratrie, vu le nombre de fois ou Logan et moi avons partagé le même lit, et pas de la meme manière qu’il le partage avec Hanna, considérer ça comme une fratrie, c’est un peu… degueu !
Mais cet étage de l’immeuble c’est un peu comme un camp de vacances permanent. Lindsay dort dans le lit d’Hanna, je dors dans le lit de Logan, on se mate des films ensemble, pop corns à la clé. Pendant que l’un prend sa douche, l’autre lui raconte sa life, assis sur les chiottes. Un camp de vacances, pour ado, le niveau ici n’est pas plus élevé que ça. Mais on aime ça, ou on aurait râlé depuis longtemps…Quoi qu’on ait râlé, mais rien n’a changé alors on s’y accommode. Le plus dur pour moi ? Lindsay, elle est adorable, mais je me la coltine déjà au boulot, plus le soir, et même mes jours de congés elle est là… je préférai voir Tim pendant mes jours de congés moi… mais c’est une autre histoire, encore…

SOPHIE _ Sans Reed, c’est vrai que ce serait différent, ce serait calme, reposant, le frigo resterait plein plus de trente minutes et le ballon d’eau chaude resterait plein assez longtemps pour tout le monde. Mais à coté de ça, je l’aime notre mite. Ca s’accroche et ca part plus ces bestioles, Lindsay doit être leur reine car elle connaît toutes les feintes !

Fin de paragraphe Lindsay-Logan-Voisinsengénéral, on ouvre un nouveau chapitre et on retourne plus de dix ans en arrière, avec la révélation sur Puck et moi

HANNA – ça m’choque juste de l’apprendre comme ça..Puis même si je sais que tu étais une traînée, j’ai toujours du mal à l’admettre..Je déconne..

SOPHIE _ t’es vraiment une garce, J’AI le droit de dire que j’étais une garce, pas toi. Toi tu dois me dire « mais non, c’est juste une façon d’extérioriser »… sœur indigne…

Malgré tout, je savais qu’elle « plaisantait » plus ou moins. Elle me l’aurait jamais dit de cette façon si j’avais pas commencé, mais elle aurait pu. Je faisais partie du parfait cliché de la salope américaine de 14-15 ans. Qui boit trop tôt, fume trop tôt, baise trop tôt… trop tôt et trop tout court… Le cliché de l’ado rebelle, qui pour se venger, se sert de son corps – de son cul je devrai dire- Pathétique !
Mais je restais dans le délire, je renchérie sur le fait que je m’étais tapé la sœur et que Puck avait une marchandise drôlement bien fournie sans pour autant savoir s’en servir…

HANNA – T’es sérieuse là ? Oh putain, le scooop, heureusement que Bethany l’a pas su, j’aurais encore plus pris..Quoi que ça m’aurait donné l’occasion de lui filer mon poing dans la gueule à cette mégère ! Et ça m’étonne pas, même au repos son jean était toujours très serré à ce niveau là. Il devait pas bien manier la perche encore..Surtout si tu étais parmi ses premiers coups !

J’éclatais littéralement de rire. L’image de ma sœur matant le jean de Puck à 14-15 ans, les yeux écarquillés me revient d’un coup en tête. Et une fois ou elle m‘avait tapé sur le bras en me disant « tu crois qu’il bande ou alors ça c’est en temps normal ? » Je me marrai toute seule. Et puis la tête d’Hanna là tout de suite, était vraiment géniale.

SOPHIE_ Il savait viser, il faisait ce qu’il fallait quoi, mais rien de particulier, avec le matos qu’il avait, ca peut être un dieu de pieu maintenant… je montrai bien à New York un jour pour vérifier… Je m’arrêtais et me remis à rire comme une gamine. Mais c’est vrai qu’il avait toujours son énorme paquet qui semblait compressé dans ses jeans… et je vais te faire une confidence, j’étais pas PARMI ses premiers coups, j’étais SON premier coup ! Mais c’était pas un excellent élève, il a apprit les bases rapidement mais pas assez extravagant, surement pour ça que je suis passé à la sœur en fait, je me suis dit qu’il devait y avoir un potentiel inexploité dans cette famille…

Je vous dis, pire que des mecs… Hanna changeât de conversation, revenant sur les tartines. Tartines qui finirent écrasées contre son doux visage.

HANNA – Putain t’abuse, j’ai la flemme d’aller me laver en plus. T’es une garce n’empêche !

Et moi je me marrais comme une dinde. Elle se fiche que je lui écrase du Nutella dans la tête, elle a juste pas envie d’aller se laver…

SOPHIE _ N’en mets pas partout non plus, c’est mon sweet que tu p… AAAA

La garce c’était jetée sur moi, collant son visage partout contre le mien, je devenais aussi chocolatée qu’elle et ça devenait vraiment crade. Pas besoin de Reed finalement pour dégueulasser l’appartement. Je réussis tant bien que mal à lui échapper et courut dans la salle de bain. Je ferma rapidement la porte, tourna le verrou et me munit du jet de couche. J’ouvris le verrou et la furie entra, digne d’un film d’horreur. J’eu tout juste le temps de tourner le robinet d’eau froide et de la viser avec, la laissant dégoulinante de chocolat. La voisine du dessous hurla qu’on faisait trop de bruit et que c’était inadmissible, celui du dessus, râlait qu’on était ingérables, et je crois bien que c’est ce qui me faisait le plus marrer. Ca et ma sœur dégoulinante devant moi. J’arrêta l’eau, riant aux éclats, attrapa un gant de toilette derrière moi, je le passa délicatement sur le visage d’Hanna, comme les parents font pour débarbouiller leurs moufflets. Je devais pas être belle à voir non plus, mais ce que c’était bon de rire pour des conneries pareilles. Hanna était la seule personne avec qui je me permettais d’agir comme une gamine de six ans à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Et à ce moment, je ne pensais à rien d’autres, qu’à tous nos délires passés, présents et à venir. J’avais oublié les emmerdes, les malheurs et les douleurs… le sourire sur le visage d’Hanna, à cet instant précis, rendait mon monde tout simplement sublime….